Le digital n’en finit pas bouleverser le paysage économique. L’immobilier tertiaire n’échappe pas à ces ondes de choc. Les bureaux, notamment, entament une profonde mutation, celle du « coworking », du nomadisme ou du « smart working », pour plus d’épanouissement au travail.

Une nouvelle temporalité

Les nouveaux outils de travail et la mobilité des collaborateurs amènent à repenser l’organisation des lieux de travail. Remisés les lignes de téléphonie fixe, les bureaux individuels personnalisés équipés d’imprimantes et d’armoires. Il convient d’adapter l’espace physique au nouveau rapport à la temporalité.

« La révolution digitale rend aux collaborateurs leur liberté physique, explique Valérie Parenty, Directrice associée stratégie et développement chez Saguez Workstyle. La sédentarité ne se justifie plus, et dans une certaine mesure, les postes attribués non plus ». Désormais, la superficie se structure en fonction des différents usages et non plus en fonction de la masse salariale. Espaces partagés, salles de brainstorming, de réunion ou de silence, coins détente ou repos : les espaces sont pensés en fonction des besoins ponctuels ou permanents de leurs utilisateurs. « Ce réaménagement permet d’obtenir de l’agilité dans un monde en plein changement», constate l’architecte.

Vecteur de collaboration

Coworking, smartworking, travail par équipe ou en mode projet : la liberté retrouvée favorise le travail collaboratif, véritable source de performance de chacun et de l’entreprise. « Le travail collaboratif et une organisation transversale permettent à chacun d’échanger, de partager et de rester stimulé. Il ne suffit pas d’abattre les cloisons. À cet égard l’open space mal pensé n’a pas fait ses preuves ». Sauf pour certaines fonctions support, rares sont les postes attribués. En faisant tomber les frontières, le management se trouve au cœur des équipes et des projets. L’espace s’ouvre également plus facilement aux prestataires externes, clients et collaborateurs ponctuels.

En faisant tomber les frontières, le management se trouve au cœur des équipes et des projets

Bien-être au travail

La performance est certes le moteur final. « Mais l’enjeu est véritablement l’art de vivre au travail, qui ensuite va générer de la performance, considère Valérie Parenty. Il existe en effet un lien prouvé entre le bien être des collaborateurs et la performance de l’entreprise. Ainsi, lorsque nous réaménageons l’espace, nous pensons usages et non pas organigramme. Cela passe par donner la liberté de pouvoir travailler où l’on veut en fonction de son rythme, et bien traiter les espaces pour répondre à l’attente de concentration et de silence. Il convient aussi de diversifier les espaces de partages et de réunions formelles et informelles et repenser les lieux où chacun doit pouvoir se déconnecter, ralentir et se ressourcer. Cela commence par la relation à la nature (campus, jardin, patio, terrasse) dont l’effet bénéfique sur notre cerveau n’est plus à prouver. Cela comprend également des espaces d’isolement. Il y a mille et une choses à mettre en place dans l’entreprise, quel que soit son secteur d’activité ».

Course au temps

« Les start-ups ont parfaitement intégré ce tournant, qui est plus lent à aborder pour les entreprises traditionnelles, constate Valérie Parenty. Cependant, le renouvellement de génération et la nécessité de rester attractif à l’égard des millenials et la fameuse guerre des talents rendent la transformation inéluctable. Dans 20 ans, on n’en parlera plus ! »

Dans ce contexte, des millions de mètres carrés de bureaux sont à repenser, avant qu’ils ne deviennent caducs. Parmi ceux-ci, le quartier d’affaires de Paris La Défense. Pour Marie-Célie Guillaume, présidente de Defacto-Paris-La-Défense « la révolution du travail est à l’œuvre partout dans le monde, y compris dans les quartiers d’affaires. À La Défense, elle doit composer avec la concentration des bureaux, la verticalité du bâti qui reflète celle de l’organisation du travail. L’enjeu actuel est de faire muter La Défense pour accompagner les entreprises et l’espace public. Le quartier dispose d’un foncier disponible sous la dalle, que nous devons repenser à cet effet ».

Source : https://prismes.neuflizeobc.fr/revolution-espaces-de-travail-oeuvre/